Du 15 au 17, nous avons parcouru “La Magnifique Society” de long en large. Un festival qui se veut familial mais pas que ! Si vous n’avez pu assister à cette seconde édition, voici un report qui devrait vous fournir toutes les informations que vous avez ratées.

 

Avant de commencer, replaçons un peu la situation. La Magnifique Society proposait sa seconde édition cette année, programmation fournie et éclectique, lieu insolite mais surtout une attente de confirmation. Oui, l’année dernière, le festival avait la lourde tâche de remplacer “Elektricity” qui pendant 15 ans a joué le métronome culturel dans la ville de Reims.

Même si, nous n’y étions pas l’année passée, du coin de l’oeil, nous étions attentifs. Compte tenu des retours très positifs, il fallait que l’on soit présent cette année. Résumé d’un week-end en “terre rémoise” .

Une atmosphère particulière

Dans un cadre idyllique prenant place au coeur du Parc de Champagne dans Reims, nous commençons notre petite ronde. Un passage par l’espace artiste qui j’en suis persuadé, est unique en son genre, à l’image du lieu. On y voit les protagonistes se détendre, jouer au badminton, s’allonger, discuter, échanger entre eux. On y découvre un premier lieu de communion, au coeur de la forêt, aménagé simplement en respectant l’espace, la nature semble être un élément important de ce festival.

La visite continue, passage auprès de l’organisation pour récupérer les dernières consignes. Les sourires sont présents, mais on sent un frisson parcourir l’orga, un petit stress qui traduit l’envie de réussir les objectifs. Bien accueillis, nous dirigeons nos pas vers les différentes scènes et activités que propose le festival. Croisement de regards, échanges de sourires, la bonne humeur est présente, l’excitation aussi, chacun s’attelant à découvrir ce qui est mis à disposition. Classique pour un festival, oui mais, il est important de noter ce sentiment de bienveillance dans les échanges. Que ce soit entre les organisateurs, les festivaliers, les bénévoles et même les artistes, il n’y a pas eu de comportement irritant.

Le seul bémol de ce festival, il y a eu beaucoup d’attente. Non pas pour les toilettes, car le dispositif était étudié pour ne pas provoquer de queues interminables. Non, l’attente vient tout simplement, des “rubis” , monnaie alternative utilisée sur le festival. Certes le temps paraissait long dans la file d’attente, mais il n’y a pas eu de comportements déplacés, une chose qui est rare dans les moments “compliqués” d’un festival.

Magnifique Society

©Nicolas Burlot

Des scènes, des activités et du spectacle

Réparti en 4 espaces totalement différents sur le contenu mais liés par l’aménagement, l’accès aux scènes se faisait facilement. Il est important de rappeler que La Magnifique Society s’est conçu en respectant l’environnement, c’est d’ailleurs un des points que mettent en avant les organisateurs.

Concernant les activités, elles sont rassemblées sur un même espace appelé “La Petite Society” . Au programme des battles de batteries, création et personnalisation d’accessoires, un salon de tatouage, boutiques éphémères et pleines d’autres petites attentions qui font sensation.

Magnifique Society, espace central

©Nicolas Burlot

Pour les scènes voici une courte présentation:

  • Grande Scène” : La scène principale où pouvent se positionner près de 8000 personnes sans non plus étouffer.
  • Scène Central Parc” : Comme son nom l’indique, placé au coeur du festival, cette scène s’allie aux feuillages environnants. Profitant de rayons de soleil traversants lors de la fin de journée, c’est sans doute l’espace avec le plus de charme.
  • Scène Club” : Placée au fond du festival, cette scène aux abords plus intimiste n’a pas été en reste, jouissant de bons artistes et d’une bonne visibilité.
  • Tokyo Space ODD” : L’atout phare de ce festival. Sous cette immense toile se répartissent bornes d’arcade, expositions artistiques et scène de concert pour la scène Japonaise. La découverte intrigue et la sélection d’artistes Japonais a autant surpris qu’émerveillé.

Ce que l’on a retenu de ces espaces:

C’est avant tout leur équilibre, que ce soit en matière d’accueil comme d’espace scénique. Effectivement la “Grande Scène” ne porte pas son nom par hasard. Pour autant, on aurait pu retrouver ce qui chagrine souvent sur les festivals, une grosse scène, une plus moyenne et une plus petite. Ici, c’était tout autre, que ce soit des gros noms comme des petits, ils étaient répartis équitablement, exit les préjugés, bonjour la découverte.

Il faut l’avouer cette répartition est un choix fort et fin. Elle oblige les festivaliers à se déplacer, à découvrir les différents espaces et on ne peut reprocher aux organisateurs d’offrir de la visibilité à tous.

De la performance et de l’artistique

Il n’est pas simple de mettre en place un festival avec autant d’artistes et d’éclectisme. C’est le pari qu’ont lancé pour une seconde année Cédric Cheminaud et Christian Allex, les responsables de ce festival mais pas que !

D’ailleurs, en ce qui les concerne et étant des acteurs majeurs de la région “Grand-Est” ; Ils ont accordé une belle interview pour Riptide Mag à paraître dans la semaine.

Ces 3 jours ont été l’occasion de découvrir, aimer et éblouir les amateurs de gourmandises auditives. Il y a pu avoir quelques “couacs” , quelques balances malheureuses, des fausses notes, des voix fatiguées mais rien d’alarmant sur le plan artistique. Alors le bilan il est assez simple : “Pleins les yeux, les oreilles et sourires étirés du côté des festivaliers” .

Parce que chaque acteur a rempli son contrat, les festivaliers ont étés rassasiés. Loin des stéréotypes de l’artiste capricieux qui monte sur scène pour toucher son cachet et répéter sa prestation scénarisée, chaque artiste a joué le jeu du partage avec le public et parfois bien plus que l’on aurait pu le penser.

Deux étoiles : Orelsan & Charlotte Gainsbourg

Pour ne pas vous assommer, on ne sélectionnera que ce qui a retenu notre attention.

Parcourons ce premier jour:

  • La touchante Selah Sue a réussi à envouter mais surtout, partager son amour pour la musique et ce qui l’entoure. Bien accompagnée, elle a tout simplement rappelé que le talent ne s’achète pas et que sa voix n’est pas virtuelle. Un régal auditif et un bonheur de la retrouver !
  • IAMDDB, une totale découverte et une belle surprise. La Britannique a su convaincre, un hip-hop suave, des beats planants et un flow déconcertant. Beaucoup d’échanges avec le public mais sans perte de dynamisme, bonne prestation !
  • La petite déception, c’est du côté de Cigarettes After Sex. Malheureusement pour le groupe, les festivaliers arrivant pour ce premier jour n’ont pas réellement pénétré la musique languissante du groupe américain.

Cette première journée se déroulait bien, quand soudain, Charlotte Gainsbourg entra en scène. La scénographie, ses musiciens, sa voix ont laissé “béa” un bon nombre de festivaliers et ont provoqué l’émoi des plus récalcitrants. Les critiques, parfois très virulentes, semblaient si éloignées lors de cette représentation. Toute en modestie, un sourire timide, Charlotte remerciait son public charmé par la performance de l’artiste.

Charlotte Gainsbourg

©Nicolas Burlot

Il est important de noter que les “reproches” habituels paraissaient dénués de fond tant l’énergie et le charisme de Charlotte ont éclaboussé la foule.

Le second temps fort de la journée nous viens d’ Orelsan qui a catapulté un public entier dans son univers. “Showman” mais pas seulement, le rappeur a su faire fi de toutes les polémiques pour offrir aux festivaliers un moment d’échange festif et agréable, tout le contraire de ce qui lui est souvent reproché.

On a senti que l’histoire entre le Normand et le public rémois était bien plus qu’un spectacle, un lien fort et des instants privilégiés ont rendu le moment suspendu !

Orelsan

©Nicolas Burlot

Le sommet de La Magnifique Society

C’est ce second jour qui a ébloui le public. Ce samedi était la journée la plus remplie que ce soit en matière d’artistes comme d’émotions, résumé de ce point culminant:

  • DYGL: Du garage rock venu de Tokyo. Présenté sur la grande scène, le groupe japonais n’a pas démérité et a préparé le public avec énergie !
  • Sopico: Jeune et talentueux, un des nouveaux visages du hip-hop français a visé juste, les festivaliers étaient séduits.
  • Lomepal: On a triché, on connaissait sa performance grâce à “We Love Green” . On avait une frayeur de réchauffé, pas du tout, on a profité comme tout le public d’un set énergique et vécu les mêmes émotions qu’auparavant.
Lomepal

©Nicolas Burlot

  • Superorganism: Performance en demi-teinte dû à quelques soucis techniques. Pour autant, on a su faire abstraction afin de profiter d’un groupe à l’identité affirmée et à l’atmosphère décalée.
  • The Hives: L’atmosphère était électrique au Magnifique Society, The Hives a déchainé son rock survitaminé et enflammé les festivaliers !
  • Petit Biscuit: Retrouvailles avec le petit frenchy qui a conquis “Coachella” , même disposition, même réactions, un set de qualité tout comme la scénographie.

 

Et puis la “Grande Scène” vibra d’une aura particulière, JAIN a tout simplement offert la claque du week-end aux spectateurs.

Jain

©Nicolas Burlot

Venue avec un dispositif gigantesque, elle a dynamité l’ambiance. Ses graphiques hypnotisants ont embarqué la Magnifique Society dans un monde alternatif, celui d’une artiste complète. Quel moment, souffle coupé, public déchaîné, JAIN orchestrait un véritable récital. Seule sur scène, il y a eu un peu de scepticisme dans les travées rapidement effacées par un “Dynabeat” ravageur qui n’a laissé personne insensible.

Tout le répertoire de JAIN y compris des futurs titres ont étés joués, on cherche encore l’erreur ou la déception, mais on n’a pas trouvé.

Jain

©Nicolas Burlot

La francophonie en étendard

Ce troisième et dernier jour, la langue française a eu de beaux représentants.

  • Clara Luciani: Elle ouvrait cette dernière journée. L’ancienne chanteuse du groupe La Femme nous a servi son timbre si unique et envoûtant. On a fini agréablement touché.
  • Angèle: La jeune Belge suscite beaucoup d’interrogations et cristallise les regards. Tout le monde attendait ses nouveaux titres plus que son attitude. Bien que très attachante, on souhaitait résoudre le mystère qui entoure son futur. Pas de déception, de belles surprises, on est rassurés, mais pour en savoir plus il faudra être patient.

Jane Birkin & Étienne Daho pour conclure un festival plus que convaincant ! Ces deux dernières performances ne nous ont pas transcendés mais c’est aussi que l’on est moins sensibles.

Cependant, les festivaliers conquis, quittaient la Magnifique Society avec des sourires et surtout des envies de revenir, cela est un indicateur de réussite et on ne peut que les soutenir.

Le coup de coeur : Jessie Reyez

Jessie Reyez

©Nicolas Burlot

Je dois admettre, j’attendais énormément de l’artiste Canadienne. Véritable électron libre sur scène, elle a livré une prestation vibrante et pleine d’émotion.

Jessie Reyez s’est dévoilée et n’y est pas allée de main morte ! Le public de la Magnifique Society est venu s’agglutiner pour pouvoir partager un moment privilégié avec une artiste au talent indéniable. Un gros coup de fraîcheur et un engagement aussi présent dans ses mouvements que dans ses textes, une belle réussite !

Jessie Reyez

©Nicolas Burlot

La Magnifique Society a rempli ses objectifs, savoir allier une atmosphère naïve et festive avec une programmation de qualité. Une confirmation des signaux positifs envoyés lors de la première édition. En plus d’être une belle découverte, c’est un festival que l’on souhaite voir continuer à évoluer. Félicitations aux organisateurs, aux bénévoles, aux artistes et aux festivaliers qui ont fait de ce week-end une belle communion !

On se retrouvera, je l’espère, l’année prochaine !