Paroles déchirées, guitares en flammes et douceur sucrée : le premier EP du groupe américain Royal Blush, “A Ways Away“, est un plongeon vibrant dans les paradoxes de l’âme humaine.

A Ways Away, l’EP qui hurle en silence

Ils viennent des états-unis, ont écumé clubs moites et caves obscures pendant des années, affûtant leurs chansons dans l’ombre. Aujourd’hui, Royal Blush fait le grand saut. Le groupe dévoile A Ways Away, cinq titres qui marquent leur territoire dans la scène indie rock nord-américaine.

Formé en 2021, le trio composé d’Allison Heckart (chant), Patryk Sikorski (guitare, production) et Andrew Merclean (guitare) n’a pas choisi la facilité. Leur rock est viscéral, à fleur de peau, souvent brutal mais toujours sincère. Oscillant entre l’énergie nostalgique de l’alt-rock et la texture onirique du shoegaze, A Ways Away offre un univers où la rage se teinte de tendresse.

Des cicatrices qui chantent

Dès l’ouverture avec “Go”, le ton est donné. Une guitare tranchante, une voix qui libère une colère contenue, un passé qu’on brûle comme une vieille photo : le morceau est un exutoire, le récit d’un chapitre toxique refermé à coups de refrains libérateurs. Suit “Ballads in the Sky”, plus contemplative, qui explore les contours sinueux du deuil. Le changement de tonalité final vient serrer le cœur avec une pudeur désarmante.

Ice Age” et “Cherry Cola”, piliers du répertoire live du groupe depuis ses débuts, dépeignent l’aliénation moderne avec une justesse bouleversante. On y entend autant l’appel à la connexion que le cri étouffé d’une génération en manque de repères. Et puis vient “Butterflies on the Grave”, clôture douce-amère de l’EP, où le piano d’Oliver Glynn vient caresser les mots d’Allison Heckart, entre amour perdu et acceptation.

Une production maison, une vision affirmée

Entièrement produit, mixé et masterisé par Patryk Sikorski, A Ways Away est une œuvre artisanale, au sens noble. La batterie d’Adam Cichocki apporte la structure rythmique nécessaire à ce tumulte émotionnel, tandis que les arrangements laissent respirer chaque mot, chaque blessure.

On pense à Hole, à Mazzy Star, parfois à Wolf Alice, mais Royal Blush ne copie personne. Leur voix est déjà singulière, portée par une écriture frontale et des compositions au relief saisissant.

Une scène, une promesse

Royal Blush ne se contente pas de briller en studio. Le trio s’est forgé une réputation live en partageant la scène avec des groupes émergents comme Piranhana et Chudson. Leur performance y est décrite comme un “uppercut mélodique” — et à l’écoute de l’EP, on comprend pourquoi.

Avec A Ways Away, Royal Blush signe un premier chapitre audacieux, aussi brut qu’émouvant.

Leur nom est à retenir. Leur musique, à écouter fort. Et leur avenir, à suivre de très près.