Avec “FIRE“, premier extrait de leur prochain EP “HOPE YOU ARE WELL” (à paraître le 28 novembre), le duo français any confirme ce que leur premier single “No Matter” laissait déjà deviner en 2024 : quelque chose d’e rare d’important est en train d’émerger. Une musique électronique qui frappe fort, danse avec les machines mais garde le cœur à vif.

Textures nerveuses et voix hybride

any avance masqué, une voix mi-humaine, mi-cyborg, des textures électroniques ciselées, une esthétique dépouillée qui refuse l’artifice inutile. Et ironiquement, c’est précisément ce refus qui leur permet de parler de l’artificialité qui gangrène nos rapports humains. Là où d’autres glorifient la déconnexion, any observe les fissures : les formules de politesse creuses, les sourires automate, les relations devenues mécaniques.

Le morceau s’inscrit dans la lignée de Moderat et Weval, mais sans jamais se réduire à une simple influence. FIRE pulse, un battement sec, une basse qui rampe, des synthés qui montent comme une tension qu’on ne peut plus contenir. Le duo y interroge notre rapport aux modèles : ces artistes, mentors, icônes ou fantômes qui nous portent… ou nous écrasent.

C’est une chanson sur l’inspiration, oui, mais aussi sur la vulnérabilité qui l’accompagne : comment on se construit à travers les autres.

Une identité brûlante…

Le clip, filmé comme une live session, va droit au but. Pas de narration forcée, pas de décor superflu : un espace brut, où toute l’attention se concentre sur le geste musical.

Au fond, un écran géant projette des mots qui s’effritent, des bribes de pensées, des éclats de conscience. Tout autour, la caméra tourbillonne, respire, se rapproche, recule. Elle tente de saisir l’humain derrière la machine, ou la part de machine dans l’humain.

Cette sobriété est trompeuse : tout est millimétré, pensé pour amplifier l’énergie scénique du duo. C’est un rappel que la musique d’any, aussi numérique soit-elle, reste une musique de chair.

loin des faux semblants

Avec cet EP, any pointe du doigt une vérité contemporaine : nos interactions sont saturées de “Hope you’re well”, de “Take care”, de signaux de bienveillance automatique. La façade est impeccable, presque trop. Derrière, pourtant, se cachent les égoïsmes, les stratégies, la solitude.

FIRE ouvre cette réflexion en mettant l’accent sur la tension entre admiration et effacement de soi. Un premier jalon qui s’annonce révélateur : any semble prêt à explorer ce que nous préférons laisser sous silence.