Il y a des débuts qui ne ressemblent à rien d’autre. “Home By Eleven“, premier album de Cherry Makes Waves, en fait partie. Productrice, chanteuse, réalisatrice de ses propres visuels, cette artiste originaire d’Europe du Nord façonne un univers rare : un électro-pop arty teinté de rock alternatif, de textures trip-hop et d’un souffle cinématographique qui traverse chaque morceau.
Une entrée en matière comme un premier plan
L’album s’ouvre sur “Yeah”, un fragment de 23 secondes qui, loin d’être anecdotique, agit comme un souffle retenu. Une prise d’élan. Ce motif électronique minimaliste installe immédiatement le climat : intime, feutré, presque secret. On a la sensation que la narratrice inspire avant de se confier, et que le voyage peut commencer.
Avec “One Level Higher”, la magie opère : les pads éthérés se gonflent d’intensité jusqu’à se dilater en une montée alt-rock impeccable. Tout est progression, tension, apparition. On a l’impression que l’artiste se révèle progressivement au cœur du morceau, comme une silhouette émergeant d’un contre-jour.
Puis “Regulate Your Mess” renverse brutalement l’atmosphère. Les harmonies deviennent plus sombres, l’énergie plus nerveuse, presque indocile. Il plane sur le morceau un esprit de rébellion, une force invisible qui élève autant qu’elle bouscule. Cherry Makes Waves manie les contrastes avec une précision chirurgicale.
“Home by Eleven” : un titre phare irradiant de modernité
Le morceau éponyme, “Home By Eleven”, condense tout ce que l’album représente :
- un éclat pop vibrant,
- une énergie dansante aux accents néon,
- une personnalité artistique qui s’affirme sans détour.
Impossible de ne pas appuyer sur repeat. Cherry Makes Waves y laisse une empreinte remarquable.
L’audace sonore comme marque de fabrique
“Bisket Full” déroute, étonne, fascine. Les rythmes brisés et la voix largement traitée par ordinateur créent une esthétique futuriste, presque glitchée, mais étrangement humaine. La productrice joue avec la frontière entre organique et digital. Et elle gagne : l’équilibre est juste.
À l’opposé, “Dancing Like I Know Ya” introduit une légèreté presque nostalgique. Le morceau respire, danse, rêve. Ses accents rétro le rendent immédiatement attachant.
Le featuring avec Autow Nite Superstore sur “Sad on Internet” surprend totalement : un mélange de rap et de textures électroniques qui donne l’impression de plonger dans une conversation numérique en temps réel. C’est vivant, moderne, décalé et ça fonctionne.
Enfin, “High & Dry” ferme l’album comme on referme une lettre brûlante. La voix, fragile et puissante, flotte sur une production aérienne qui donne le vertige. C’est une fin lumineuse et vulnérable, à l’image du voyage que l’album propose.
Un premier album magistral
Home By Eleven est un projet profondément cohérent malgré la diversité de ses registres. Chaque morceau a son identité, mais tous dialoguent entre eux pour former un tout narratif et émotionnel.
Cherry Makes Waves s’impose ici comme l’une des artistes les plus prometteuses de la scène electro-pop européenne, capable de mêler storytelling, sonorités hybrides et sens du détail visuel.
Un album à écouter d’une traite, comme on regarde un film qui nous attrape dès le premier plan.














