Depuis quelques années, Tōth s’est imposé comme un créateur singulier de la scène indie américaine. Avec “Not Broken”, il dévoile une pop éclatante, hybride, mêlant les époques et les influences avec aisance.

Tōth recolle les morceaux du monde en technicolor

“Not Broken” est un de ces morceaux qui donnent l’impression d’avoir toujours existé. Un banger lumineux, un hymne pop clair. Dès les premières secondes, la production scintille : couches vocales bouclées façon pad atmosphérique, guitare acoustique chaude, éclats de cuivres joyeux, et un groove basse/batterie d’une précision presque insolente.

Le morceau semble prendre le meilleur des années 70, 80, 90 et au-delà sans jamais tomber dans la nostalgie. Il possède l’élégance mélodique d’un Paul McCartney tardif, la flamboyance inventive d’un Beck dans ses bons jours, et cette “bizarrerie organisée” qui a fait de David Byrne un alchimiste pop. Des accords qui ne devraient pas fonctionner, et qui pourtant, s’emboîtent avec une magie désarmante.

Tōth réunit ses influences dans une fluidité déconcertante : c’est étrange, oui, mais c’est surtout confortable, comme une paire de chaussures déjà parfaitement faite à votre pied.

Entre folie douce et précision pop

Ce qui frappe chez Tōth, depuis ses débuts, c’est cette capacité à tout mettre sur la table, les doutes, les ruptures, les blessures, en toute sincérité. “Not Broken”, par exemple, est une chanson sur la résilience, mais sans posture héroïque.

Il y a quelque chose du songwriting confessionnel américain, hérité de la folk, mais propulsé ici dans une architecture pop d’une exactitude impressionnante.

Une modernité organique

Les arrangements, eux, sont un festival :

  • boucles vocales aériennes qui rappellent les textures de Grimes dans “Realiti”,
  • brass lumineux qui ajoutent une malice toute personnelle,
  • percussions serrées qui donnent au morceau son impulsion contagieuse.

Le tout porté par cette voix singulière, douce mais habitée, la signature de Tōth.

l’intime qui fait danser le monde

Avec “Not Broken”, Tōth semble franchir une nouvelle étape. Là où ses chansons précédentes exploraient plutôt les zones d’ombre, il offre ici un équilibre plus solaire.

C’est de la pop intelligente, oui. Une musique qui ne cache pas ses cicatrices et qui, pour cette raison même, nous réconforte.

Un titre exquisément intemporel, qui rappelle qu’on peut être cabossé, traversé, remué… tout en n’étant pas brisé.

Pas brisé du tout, même.