Aujourd’hui, un invité dont la musique ne se contente pas de remplir l’espace. Elle le transforme, le déploie, en révèle les ombres, les fissures, les éclats. Aalson. Producteur français, conteur de sons, architecte d’émotions.
Depuis des années, ses tracks naviguent entre clubs animés et émotions intérieurs il vient en déposer quelques fragments dans son premier album “Fragments of Life“. Un projet sensible qui traverse l’enfance, le rêve, la peur et le futur. De Toulouse à New York, de Bruxelles à Goa, il fait vibrer des clubs mythiques. Dans cet interview, il nous accorde un instant pour découvrir l’homme derrière les machines.

D’artiste à mentor : la musique en projet de vie

Quand est ce que tu as su que la musique serait plus qu’un hobby ?

Je l’ai su naïvement dès que j’ai commencé à en rêver, donc assez jeune… aujourd’hui, je me rends compte que ça tient à un fil, et peut-être que demain ça s’arrêtera. Mais j’ai commencé à envisager que ce soit possible entre 2018 et 2019 lors de mes premiers concerts devant 300 personnes… pour moi c’était un truc de ouf.

Ton plus grand rêve à ce moment-là c’était quoi ?

D’en vivre, je crois. L’un de mes plus grands c’était de jouer au Bikini à Toulouse… maintenant c’est chose faite. Mais c’était surtout de faire connaître ma musique, de pouvoir faire ça tous les jours, d’avoir la liberté aussi que ça apporte.

Tu diriges également le label Sinners, comment gères tu cette double casquette ?

Ouais, c’est un projet commun que j’ai avec Dan Scott. L’objectif était avant tout d’avoir plus de liberté et d’indépendance dans ma création. Cependant pour faire fonctionner un label il y a des règles à suivre, un planning… et moi et l’anticipation ça fait deux.*rire* En 2025, j’ai décidé de mettre en pause le Label pour vraiment utiliser la plateforme en auto-promotion.

Cette pression du planning c’est ce que tu exprimes dans ton titre Life Is Not a Sprint ?

Ouais, vraiment, c’est exactement ça.  En fait, c’est un peu paradoxal, parce que je suis quelqu’un qui a besoin de temps et à la fois le temps peut me desservir, me faire douter. On se compare beaucoup dans ce milieu. Mais en parlant avec d’autres artistes j’ai compris que la vie n’était pas un sprint mais un marathon, que l’idée ce n’est pas de faire un tube demain mais de construire un chemin pérenne.

Une électro humaine, un album honnête

Ces sensations, ces émotions,  j’ai l’impression que c’est un peu la thématique de ton album qui arrive bientôt. Pourquoi se centrer là-dessus ?

Je ne viens pas vraiment de la techno, je n’ai jamais été clubbeur, cependant c’est un format auquel je me rattache pour raconter mon histoire. Au quotidien, j’écoute de la musique de film, de la musique néo-classique ce qui m’est cher c’est la musique qui suscite des émotions.

J’ai pris la décision de faire cet album et de le faire en parlant des émotions que j’allais ressentir sur l’instant, en le faisant. L’idée c’était surtout d’être le plus transparent et honnête possible.

Est ce qu’il y a une émotion que tu n’as pas réussi à retranscrire ?

Il y a eu l’espoir que j’ai essayé de traiter au mois de mai, mais j’étais dans une période sombre et perturbée, j’ai donc créé les autres singles “Fear” “Two Faces” à ce moment là. Et puis “Dreamer” est arrivé involontairement et est devenu la focus track de l’album.

Dreamer semble t’avoir recentré ?

Je suis revenu naturellement à ce que je fais le mieux. Je sais pas pourquoi j’ai quitté cette musique là, je m’en étais un peu éloigné, alors qu’en fait c’est ce que je préfère faire et en plus je crois que c’est ce que je fais de mieux. Ça a été aussi un peu une révélation perso de me dire, waouh, enfin, vraiment enfin j’ai réussi à y revenir.

Sur “Dreamer” tu es en feat avec Ariana Celeano,  il y a d’autres collaborations sur cet album, pourquoi ce choix d’artistes ?

De base je ne voulais pas du tout de collaboration. Quand Michael Canitrot m’a appelé,  en me disant qu’il voulait faire une collaboration avec moi, pour le show qu’il organisait au Château de Chambord, l’opportunité est telle que forcément j’ai envie de le faire. En plus je trouve que l’univers Michael et le mien, était quand même voué à un moment donné à se rencontrer. Tout ça s’est fait de manière très spontanée, il m’a appelé une semaine après on travaillait sur le morceau.

Pour “Dreamer“, c’est un petit peu différent, j’ai d’abord posé la musique en entière et moi qui n’ai jamais utilisé de voix ou de chant dans mes musiques, je me suis dit pour la première fois que là franchement ça serait pertinent. Je suis tombé sur Ariana et pour le coup c’est vraiment le timbre de sa voix qui m’a séduit. C’était vraiment ce type de voix que je voulais, un petit peu angélique,  un petit peu cinématographique aussi.

En parlant de cinéma, quelles sont tes influences dans les musiques de film?

Hans Zimmer, c’est la réponse la moins originale mais c’est tellement difficile de ne pas le citer. Plus récemment c’est Ludwig Goransson, c’est le compositeur de Tenet notamment et de Oppenheimer. Ce qui m’a beaucoup plu chez Ludwig, c’est qu’il est un peu plus jeune que les autres, du coup il a amené une dimension hyper moderne, notamment dans la bande-son de Tenet, qui est extrêmement électronique. Il y a aussi forcément Ramin Djawadi et son travail sur Game of ThronesÓlafur Arnalds aussi, mais pas que pour ses bandes-sons, c’est aussi tout ce qu’il fait en solo, c’est le gars qui m’inspire le plus au monde.

De Toulouse aux clubs internationaux

Tu as eu l’opportunité de partager la scène avec des pointures de l’électro, qu’est ce que ça t’a apporté ?

Le truc qui m’a le plus inspiré, c’est de voir la communion de certains artistes avec leur public. Worakls, notamment, ce qu’il arrive à créer avec son public, c’est assez ouf à voir. Et il met une énergie dans la salle que j’ai rarement vue ailleurs, honnêtement.

Est ce que tu as remarqué une différence entre le public français et les internationaux ?

Quand même en France, on a une énergie vraiment expressive, et notamment à Toulouse. Mais par exemple la première fois que j’ai joué en Suisse, c’était au Nord-Thernabal. J’ai commencé à jouer et j’étais étonné parce que je voyais les gens écouter avec une rigueur que j’ai rarement vue sans forcément donner de la voix sur les drops. Chacun à sa manière de vivre la musique et ça m’a permis de comprendre que moi aussi je n’étais pas obligé de sauter et danser pour faire vivre mon live.

Quel est ton plus grand rêve en terme de live ?

J’aimerais bien remplir un Bikini en headline solo, c’est un délire un peu perso mais c’est la salle dans laquelle j’ai grandi, et je trouve ça ouf de la remplir. À chaque fois que je porte là-bas des artistes qui remplissent la salle tout seul, je trouve ça merveilleux.

Une musique au service de la transparence

Ton album sort ce 19 décembre, quels sont les plans pour la suite ?

Déjà se reposer un petit peu, parce que là ça enchaîne. Début janvier je fais mes débuts en Azerbaïdjan, puis un beau festival dans les Alpes Suisses avec des artistes que j’apprécie.  Je sais déjà que j’ai envie de profiter de 2026 pour faire quelques singles, notamment essayer d’aller travailler avec des labels avec lesquels je n’ai pas encore travaillé. Je veux préparer un nouveau long format que je sortirai également sur Sinners. J’ai envie d’aller creuser toujours plus la spontanéité et je réfléchis à des formats qui pourraient me permettre cette liberté.

Est ce que tu vas refaire des collabs ? Si oui, quelle serait ta collab de rêve ?

 La collaboration de rêve absolue, ça serait Ólafur Arnalds, je pense. C’est peut-être ambitieux de dire aujourd’hui que ça se fera un jour, mais si l’opportunité se présente, je serai le plus heureux, c’est sûr.