En revisitant “Les hommes c’est pas des mecs bien“, classique acide et culte de Grand Popo Football Club (2001), Synapson et Clou transforment un morceau profondément irrévérencieux en une ballade électro-pop à la fois lumineuse, mélancolique et résolument actuelle.
Un exercice d’équilibriste, né presque par hasard, lors d’une session pour Le Figaro, avant de devenir un enregistrement studio pleinement assumé. Et à la veille d’un Olympia déjà sold out, le duo confirme son appétit pour les relectures audacieuses.

Synapson, la French Touch organique en pleine maturité

Depuis le début des années 2010, Synapson a dessiné une trajectoire singulière au sein de l’électro française : un pied dans la house hédoniste, l’autre dans les sonorités organiques venues d’ailleurs. Des collaborations avec Anna Kova, Broken Back ou Victor Démé ont façonné leur identité : cosmopolite, solaire, profondément incarnée.

Avec cette reprise, ils poursuivent cette ligne claire : dépoussiérer les classiques, pour les réinscrire dans un présent où la dance music se frotte aux émotions.

Clou, voix cristalline et littérature en filigrane

Face à ce groove maîtrisé, Clou apporte une voix qui ne joue pas l’ironie, mais la nuance.
La chanteuse, révélée sur France Inter, signée chez Tôt ou Tard, nommée aux Victoires de la Musique, tire le texte vers quelque chose de plus intime, presque narratif.

Là où Grand Popo Football Club s’amusait d’un masculin miné par ses contradictions, Clou propose une lecture émotionnelle : fragile, claire, mais jamais naïve.
Elle redonne de la gravité à l’ironie, de la tendresse au sarcasme. Avec ce timbre limpide et légèrement voilé qui a fait son succès.

Un remix qui refuse la facilité

Plutôt que de forcer le trait french touch, Synapson opte pour une architecture subtile :

  • basse ronde, très en avant ;
  • beats aériens, sans jamais écraser la voix ;
  • arpèges électro-pop qui évoquent l’élégance hypnotique des années Ed Banger ;
  • textures chaudes, presque analogiques.

Le résultat : un morceau en suspension, solaire mais troué par une mélancolie sous-jacente.

Une alchimie déjà éprouvée et approuvée

Synapson et Clou s’étaient déjà croisés autour de “Nuit Blanche“, leur reprise de Gainsbourg, où la chanteuse faisait vibrer l’ironie du maître avec douceur.
Ce nouveau titre confirme leur compatibilité artistique :

  • eux, architectes du groove élégant ;
  • elle, conteuse moderne, précise, littéraire.

Ensemble, ils signent une réinterprétation qui ne singe pas l’original, mais lui ouvre un nouvel horizon.

La force de cette version, c’est qu’elle ne cherche pas à moraliser ni à “mettre au goût du jour” le propos de 2001.
Elle l’habite autrement.
Elle montre que les mots changent de sens selon la bouche qui les porte, selon l’époque qui les écoute.

Et dans une ère saturée de discours sur les masculinités, les violences symboliques, la chanson résonne autrement.

Un avant-goût d’un moment charnière

À la veille d’un Olympia déjà complet, Synapson semble entrer dans une nouvelle phase de sa carrière. Plus mature, cette reprise en est le signe : un geste maîtrisé, qui dit beaucoup de leur manière d’exister en 2025.