Image mise en avant : Alice & Moi par ©Anoussa-Chea

Durant l’édition 2023 du MAMA, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Alice & Moi pour sa carrière, son futur album et sa présence sur la convention.

Pour les gens qui ne te connaitrait pas encore, pourrais-tu nous dire comment tu es arrivée dans la musique ?

J’ai commencé par l’écriture, j’adoré rédiger des poèmes, des petits textes, des chansons… Puis à l’instar d’un processus classique, je me suis concentré sur l’image en réalisant des petites vidéos, je filmais mes petits frères qui étaient mes cobayes ainsi que des scènes de vie ou des paysages. A la suite de ça, je créais de la musique pour accompagner ces images.

Dans ta famille, y avait-il une fibre musicale ?

Tout à fait, mon père adore la musique, il pratiquait la guitare et jouait tous les dimanche. C’était donc un rendez-vous de partage hebdomadaire unique auquel j’apprécier prendre part en chantant, sans pour autant me considérer comme une musicienne à proprement dit, simplement profiter de l’instant.

Du coup à quel moment est-tu devenue « musicienne » ?

A partir de mes 16 ans, j’ai commencé la guitare, sans prendre de cours, en total autonomie. Comme dit précédemment, c’était pour continuer à accompagner les textes et les images que je pouvais réaliser.

C’est cette manière de concevoir qui a, je pense, fait de moi une artiste. Mais je tiens à préciser qu’en étant quelqu’un de très timide, je ne m’imaginais pas en « rockstar », je voulais juste pouvoir exprimer et accompagner mes créations.

En étant en pur autodidactisme dans ta démarche, il y a un adjectif qui est très souvent associé à ta personne lorsqu’on aborde ta carrière c’est le fait que tu sois perfectionniste. Est-ce que c’était inné ou tu l’as acquis au cours de ta carrière ?

C’est intéressant, je dirais que c’est un mélange des deux. J’ai toujours aimée bien faire depuis mon plus jeune âge dans tous les aspects de ma vie.
Par exemple, lorsque j’ai entrepris mon master, je n’ai pas voulu abandonner en cours de route pour mettre en avant mon côté artistique, je souhaitais d’abord terminé ce que j’avais entrepris.

Pour la musique, je dois l’admettre je suis vraiment « super perfectionniste », il faut que le rendu corresponde précisément à ce que je veux transmettre. 

Pour autant, concernant l’écriture, c’est plus une forme de « lâcher prise », je ne vois pas le temps passer, je me laisse porter par ce que je raconte et c’est vraiment plaisant.

Ce qui peut arriver, c’est que je produise une chanson que je trouve en déça de mes autres projets, dans ce cas je ne vais pas m’acharner car il est important, pour moi, de garder la magie, la spontanéité des fondements créatifs.

D’un autre côté sur l’aspect visuel et studio je vais prendre plus de temps pour avoir le meilleur rendu possible.

Enfin, aujourd’hui, je m’attèle à faire en sorte que l’artistique s’exprime d’une façon plus libre.
Car dans mon approche de l’art je considère que j’ai trop souhaité correspondre à un idéal qui rendait parfois l’aspect créatif trop prédéterminé.

Il faut garder la magie de l’imperfection, un titre qui nous échappe peut être aussi fort qu’un titre très perfectionné.

Ta réponse rejoins la suite de ma question. On a vu une évolution depuis tes premiers titres, on ressent une modification de ton processus créatif avec la mise en avant de plus de spontanéité. Il y a même une sorte de décomplexification, arrives-tu désormais sur une stabilité artistique ?

J’ai eu la chance de pouvoir explorer plusieurs parties de ma personnalité au fur et à mesure des années. En ce qui concerne mon nouvel album, je sais que j’ai voulu centrer mon inspiration autour du fait d’accepter mes propres « imperfections ».

Pour exemple, la réalisation de mes clips ira à l’essentiel, je les ai fais avec des proches, « Ça me va » prend part chez des amis. Je souhaitais réellement revenir à quelque chose de plus simple qui faisait écho à mes débuts.

La pochette de l’album aussi est très personnelle, je m’étais habillée qu’avec des habits chiné sur Vinted, je ne voulais pas passer par un/e styliste, il était vraiment essentiel pour moi de re-participer à toutes les étapes et d’être entouré de personnes qui vivent l’art comme toi.

Alice & Moi “Photographie” single de l’album éponyme.

Au cours de ton développement, tu as changé d’équipe plusieurs fois, étais-ce parce qu’un sentiment d’étouffement s’était installé car les idées des autres pouvaient ne pas correspondre à ton identité ou une envie de changement sur le moment ?

Lorsque j’ai commencé la musique, j’étais totalement indépendante, je réalisais quasi la totalité de mes projets, seule. Mais pour bien « grandir », on se doit à un moment de s’ouvrir, de laisser de la place à d’autres interlocuteurs pour les projets.

Et cette phase là, je l’ai encaissé assez difficilement, il y avait énormément de questionnements autour de moi.

« Comment rester l’artiste que tu as envie d’être ? » « Comment se sentir légitime face aux autres artistes ? » 

Alice & Moi

Ca a été parfois compliqué mais je pense que plein d’artistes vivent ce genre de phases. Et en avançant, on se libère petit à petit de ces « chaines », on s’affirme, on comprend ce que l’on veut et ça créé des changements artistiques mais aussi d’équipe. 

D’ailleurs c’est un conseil que je pourrais donner aux projets plus jeune « croit en ta singularité, tout ce qui fait ton identité et te démarque est une force ». C’est exactement ce que j’ai fais sur l’album à venir.

Justement, je reprends la fin de ta réponse pour cette question : Le MaMa est souvent apparenté à une convention pour permettre aux jeunes artistes en auto production ou non, de se renseigner sur le fonctionnement du secteur. Aujourd’hui Alice, tu as la place d’une artiste expérimentée, quels sont les conseils que tu donnerais à ces jeunes artistes et même au toi du passé ?

Il est essentiel de se faire confiance, de ne pas avoir peur de nos faiblesses car là où l’on est moins bon va créer une compensation extérieure qui sera une forme de créativité aussi.

Essayer de plus aller vers ce qui nous fais / faisais envie sans se comparer aux autres, de croire en soi, de savoir que tout ce qui fait ce que l’on est permettra aux autres de nous identifier.

C’est souvent très compliqué d’avoir du recul sur soi lorsqu’on est artiste, il y a les interrogations, les comparaisons, alors vraiment battez-vous pour mettre en avant vos idées, votre art et ne négligez pas votre personnalité.

Sur cette édition 2023 du MaMa tu réalises la « closing » pour réaffirmer tes oeuvres et présenter le nouvel album à La Boule Noire, comment te sens-tu à quelques heures du concert ?

Je suis très attachée à La Boule Noire, car lors de mes débuts avec « Filme-moi », la release party se déroulait ici-même. Y retourner c’est des frissons, une manière de fermer la boucle et de montrer aussi aux gens que j’ai mûrie, que le projet à venir c’est l’une des meilleures versions de moi-même.

Mais attention ce n’est qu’une petite mise en bouche pour La Cigale le 8 mars où j’espère vous voir nombreux !

Photographie” le nouvel album d’Alice et Moi qui paraitra le 3 novembre. 11 titres électro-pop à travers lesquels Alice nous plonge dans un univers coloré et décomplexé. En faisant de sa vie un film, Alice adoucit ses peurs et les transforment en moments de fête, de romantisme et de lâcher prise. “Chaque chanson est un voyage dans un univers esthétique singulier, entre décors apocalyptiques, hallucinations visuelles à la Alice au Pays des merveilles et films d’amour..”